Community organizing : oublier Saul Alinsky

par | 26/02/19

Synthèse du texte
Nous sommes dans les années 1930. Engagé dans un travail de recherche sociologique en criminologie dont il se lasse petit à petit, Saul Alinsky se retrouve attiré par la création du Congress of Industrial organizations. Cette confédération syndicale cherche à construire un pouvoir collectif durable aux mains des travailleurs pour obtenir de meilleures conditions de travail. Il s’inspirera de ces acquis pour impulser la création de la première Coalition Citoyenne de Chicago dans le quartier “Back of the Yards”. Fort de son succès et d’un important financement, il fonde l’Industrial Areas Foundation pour formaliser sa méthode : le community organizing. Ses succès, son ingéniosité et son originalité ont contribué à sa renommée et à celle de l’organizing, qui ont même traversé l’Atlantique pour inspirer La France Insoumise. Mais cette méthode s’accompagne également d’une vision du monde particulière dont il est nécessaire de se détacher. Alinsky rejette la moralité abstraite (c’est-à-dire le fait de défendre des valeurs universelles) et privilégie le conséquentialisme. Ce serait donc plutôt les intérêts personnels qui dirigent nos actions et ces dernières doivent être jugées en fonction de leurs “résultats”. Cela a pour autre impact de déshumaniser le métier d’organisateur qui prend un tournant marketing. Mais aussi sans garde-fou, ce machiavélisme assumé a permis à de nombreuses organisations racistes, traditionalistes ou autoritaires d’employer l’organizing. Pour Alinsky, c’est une conséquence naturelle de la lutte politique mais pour beaucoup de militants progressistes du monde anglo-saxon, c’était plutôt le signe d’un renouveau nécessaire. Les écrits de Saul Alinsky ne constituent plus qu’une introduction au community organizing, avant d’explorer le travail d’organisation collective d’autres mobilisations par-delà le monde.

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Un jeune sociologue de Chicago

Né en 1909, Saul Alinsky est un fils d’exilés juifs ayant fui les pogroms de Russie et d’Europe de l’Est. Jusqu’à ses six ans, il grandit au 263 Maxwell Street, en plein coeur du ghetto juif de Chicago. Après le lycée, il choisit d’étudier la sociologie et en particulier un thème prolifique à Chicago : le crime organisé. Saul Alinsky rencontre alors le chercheur Clifford Shaw, qui l’associe à son travail de terrain au sein de l’Institute for Juvenile Research (Institut pour la Recherche sur la Jeunesse) sur les questions de délinquance. Plutôt que d’appliquer les raisonnements psychologiques qui ont cours à l’époque (et d’après lesquels les délinquants seraient « malades » et « déviants »), Shaw choisit d’adopter plutôt une lecture sociologique de ce phénomène, en posant une question jusque-là inédite : et si la délinquance était un phénomène collectif ?

Clifford Shaw (1895–1957)

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Pionnier dans ce champ de recherches, le sociologue développe une théorie qu’il nomme la « désorganisation sociale » : d’après lui, c’est l’absence de cohésion sociale dans un quartier qui conduit les jeunes à choisir la criminalité. Afin de rassembler des éléments concrets pour démontrer cette idée, il confie alors en 1931 un projet d’étude à Saul Alinsky : aller à la rencontre des jeunes délinquants (tant dans les quartiers populaires que dans le milieu carcéral) afin de mener des entretiens sociologiques avec eux et de compiler leurs récits de vie.

Si l’exercice se révèle passionant au départ, il frustre peu à peu le jeune étudiant qui préfèrerait une tâche plus concrète et surtout plus militante.

« La première fois que je suis allé au pénitencier de Joliet, j’étais sincèrement intéressé par les prisonniers que j’interrogeais ; je m’impliquais dans leurs problèmes, j’essayais de les aider. Mais la difficulté lorsque l’on travaille dans une institution – n’importe quelle institution – c’est que l’on finit toujours par être institutionnalisé soi-même. Deux à trois ans et 2000 entretiens plus tard, je parlais aux prisonniers sans vraiment m’intéresser à eux. Je devenais insensible et indifférent ; je ne considérais plus vraiment la personne que j’avais en face de moi comme un être humain ; je ne voyais plus qu’un prisonnier et son matricule n°1607.

Quand j’ai compris ce qui m’arrivait, j’ai su que je ne pouvais pas continuer comme ça. »


Saul Alinsky, Interview pour Playboy Magazine, 1972.

A la même époque, l’apprenti sociologue observe de loin la création du Congress of Industrial Organizations (Congrès des organisations industrielles), impressionante confédération syndicale qui réunit mineurs, fondeurs, ouvriers de la confection, des filatures, du gaz, du pétrole, des verreries, du caoutchouc, de l’automobile et de la sidérurgie. Dans un contexte de déclin des syndicats, le CIO fait figure d’exception. Ses cadres luttent activement contre les penchants bureaucratiques du mouvement syndical et se consacrent avant tout à leur organisation collective : recruter de nouveaux membres, former des leaders, mener des luttes stratégiques et obtenir sur le long terme de meilleures conditions de travail pour les ouvriers.

Ainsi, Saul Alinsky découvre avec le CIO ce que peut être le fastidieux travail de formation et de structuration des cellules ouvrières. Car dans ce syndicat exemplaire, on ne se paye pas de mots : ni discours révolutionnaires romantiques, ni développements théoriques fumeux. Si la pratique syndicale doit apporter un changement social radical, alors elle doit d’être capable de construire un pouvoir collectif durable qui soit authentiquement aux mains des travailleurs.

Première convention du Congress of Industrial Organizations (1938)

Les débuts du community organizing

En 1938, Shaw décide d’envoyer Alinsky dans un quartier populaire de Chicago (Back of the Yards), pour y étudier le fonctionnement des gangs. Or, ce quartier est un véritable enfer à ciel ouvert. C’est une concentration d’habitats insalubres, construits à la hâte et ayant accueilli les vagues successives de migrants venus trouver du travail dans les gigantesques abattoirs de la ville. Dans cet environnement très difficile, Saul Alinsky endosse un rôle de travailleur social pour développer de nouvelles structures locales : les « Boys Clubs ». Il s’agit toujours d’appliquer les idées de Clifford Shaw sur la désorganisation des quartiers populaires : le sociologue pense qu’en facilitant la création de clubs de jeunesse, il est possible de renforcer la cohésion sociale du quartier d’enrayer le développement des gangs localement.

Logements dans le quartier de Back of the Yards à Chicago.

Toutefois, une fois sur place, Saul Alinsky observe le tissu social local et se met à douter de sa mission : pourquoi créer de nouvelles structures ad hoc, qui prendraient le risque d’être des coquilles vides, alors que le quartier regorge déjà d’associations riches et vivantes ? Plutôt que de créer des « Boys Club », ne serait-il pas plus pertinent d’encourager chacune des institutions locales à lutter contre les causes économiques et sociales de la délinquance ?

En explorant cette possibilité, Alinsky commence à engager des conversations plus approfondies avec les responsables des structures locales (syndicats, associations, églises…) : la lutte contre la délinquance ne pourrait-elle pas être un point de convergence entre acteurs du quartier ?

« Ce que je voulais essayer, c’était d’appliquer les techniques d’organisation que j’avais apprises au CIO, dans le cadre des pires taudis et des pires ghettos, afin que les membres les plus exploités et les plus opprimés du pays prennent le contrôle de leurs propres quartiers et de leurs propres destins. Jusqu’alors, certaines usines et certaines industries avaient été organisées pour le changement social, mais jamais des communautés entières. C’était le terrain où je voulais m’investir : l’organisation collective (community organizing) pour un pouvoir collectif et des objectifs radicaux. »


Saul Alinsky, Interview pour Playboy Magazine, 1972.

Le pari est ambitieux. Mais Alinsky parvient à peu à peu fédérer les syndicalistes, les prêtres, les coordinateurs d’associations, les gérants de petits commerces, les membres des clubs sportifs, les comités de jeunes, les responsables des parcs… jusqu’à regrouper plus de cent organisations du quartier prêtes à s’engager dans une aventure commune. Une fois convaincus du bien-fondé de ce projet (et du fait qu’il servirait leurs intérêts propres), les représentants de ces organisations se réunissent alors pour rédiger et signer un texte fondateur :

« Depuis 50 ans, nous attendons que quelqu’un nous offre une solution, mais rien n’a changé. Aujourd’hui, nous savons que c’est à nous de faire face et de résoudre nos propres problèmes. Nous savons ce que l’insalubrité, le chômage, et la délinquance veulent dire ; et nous sommes maintenant sûrs que s’il existe un moyen de s’en sortir, nous pouvons et nous devons le trouver.
Nous avons arrêté d’attendre. Nous, les prêtres, les patrons et les syndicats avons formé le Conseil de Quartier de « Back of the Yards ». Ce Conseil invite les représentants de toutes les organisations – religieuses, sociales, fraternelles, patronales et syndicales – à participer à une conférence (…) pour évoquer des actions conjointes qui pourraient efficacement combattre les fléaux de la maladie, de l’insalubrité, du crime et de la répression. »


Déclaration inaugurale du Conseil de Quartier de « Back of the Yards »

De gauche à droite : Joseph Meegan (gérant du Davis Square Park), Bernard Sheil (évèque) et Saul Alinsky.

C’est la première Coalition Citoyenne de Chicago.

Cette coalition d’organisations, d’un genre nouveau, ne se contente pas de mener une écoute des résidents ou de faire des pétitions de principe auprès des élus locaux. Afin de mener des actions concrètes, le Comité de Quartier se dote immédiatement d’un conseil exécutif, élu par ses membres, ainsi que de huit commissions (dont une sur la délinquance), elles aussi élues.

Et patiemment, ses projets prennent de l’ampleur : lutte contre l’insalubrité des logements, contre l’augmentation des loyers ou pour l’amélioration des transports en commun. La solidarité qui régne dans le quartier devient telle que le syndicat des abattoirs peut finalement lancer un appel à la grève soutenu par toute la communauté. Prêtres et syndicalistes se retrouvent, bras dessus bras dessous, en tête des cortèges. Le mouvement est un succès et tous les travailleurs bénéficent d’une augmentation de salaire.

Piquet de grève (Alinsky est tout à gauche).

Un peu de scatologie politique

Fort de son succès à Back of the Yards, et de la publicité dont il bénéficie désormais dans les journeaux et les milieux militants, Alinsky abandonne son rôle de chercheur/travailleur social pour se consacrer pleinement à l’organisation collective (community organizing). Grâce à son nouveau réseau, il rencontre un riche mécène – Marshall Field III – qui lui fait don d’une très grande somme d’argent, afin de créer une fondation entièrement dédiée au travail d’organisation et à l’accompagnement des mouvements sociaux. Ainsi naît l’Industrial Areas Foundation (IAF), qui permet à Saul Alinsky de multiplier les campagnes militantes, de recruter des apprentis, et surtout de prendre le temps de formaliser un appareil conceptuel nécessaire pour décrire la méthode dont il se revendique désormais : le community organizing.

Pour Alinsky, chaque nouveau projet est l’occasion de gagner en expérience et d’explorer de nouvelles tactiques. De campagne en campagne, il se révèle être un excellent stratège, devenu maître dans l’action non-violente. Certaines de ces campagnes deviennent d’ailleurs célèbres, grâce aux trésors d’humour et d’ingéniosité dont l’organisateur sait faire preuve.

En voici un exemple : en 1958, quelques leaders des églises afro-américaines du quartier de Woodlawn (Chicago) prennent contact avec Saul Alinsky pour créer une coalition locale entre acteurs de la société civile. Celui-ci accepte et facilite la création de la « Woodlawn Organization », qui compte près de soixante entreprises locales, cinquante zones résidentielles, trente églises et près de 40 000 résidents du quartier.

Cette coalition émergente est si efficace qu’elle se trouve rapidement en position de négocier son programme de rénovation urbaine directement avec la Mairie, plutôt que de le voir imposer par des urbanistes. Malgré tout, les choses ne se passent pas sans accroc. Le Maire Richard J. Daley, pressé par ses soutiens financiers et ses liens avec la Mafia, revient bientôt sur l’accord qu’il avait passé avec les habitants de Woodlawn et décide d’ignorer leurs requêtes. Face aux mensonges de leur Maire corrompu, les citoyens décident de contre-attaquer, en s’en prenant à sa plus grande fierté : l’aéroport de Chicago.

« C’est là où nous avons décidé d’agir. Nous avons envoyé des gens à l’aéroport pour faire une étude compréhensive et intelligente du nombre de toilettes payantes et d’urinoirs qu’on trouvait dans tout le complexe O’Hare et évaluer de combien d’hommes et de femmes nous avions besoin pour organiser le premier « shit-in » du pays. Il s’est avéré que nous avions besoin de 2500 personnes, ce qui n’était pas un problème pour les habitants de Woodlawn. Pour les toilettes fermées, il suffisait que les gens donnent une pièce à la dame-pipi puis se préparent à attendre ; nous avions prévu pour eux de quoi manger et de quoi lire pour passer le temps.

Qu’est-ce que des passagers désespérés seraient prêts à faire : forcer la porte des toilettes et demander leur occupation légitime ? Cela signifiait que les toilettes des femmes pouvaient être complètement occupées ; et chez les hommes, nous nous serions occupés des cuvettes et aurions préparé des groupes mobiles pour passer d’un urinoir à l’autre, faisant la queue à quatre ou cinq et passant cinq minutes avant d’être remplacé par un co-conspirateur, pour ensuite se diriger vers d’autres toilettes. Une fois encore, est-ce qu’un pauvre gars patientant au bout de la queue dirait : « Eh mec, tu en mets du temps à pisser » ? « 

 


Saul Alinsky, Interview pour Playboy Magazine, 1972.

Alors que le plan est prêt et qu’ils se préparent à le mettre à exécution, la menace parvient aux oreilles du Maire. Alinsky en profite :

« Une fois encore nous avons eu des fuites – excusez-moi, un lapsus freudien – chez un informateur de l’administration municipale et la réaction a été instantanée. Le jour suivant, les représentants de notre coalition étaient convoqués à la mairie pour une conférence avec les collaborateurs du Maire qui leur ont assuré qu’ils avaient, bien sûr, l’intention de tenir leurs engagements et qu’ils ne pourraient jamais comprendre comment on pouvait avoir l’idée que le Maire puisse un jour ne pas tenir une promesse. Il y eut de chaudes poignées de mains, la ville tint promesse et ce fut la fin de notre « shit-in ». »

 


Saul Alinsky, Interview pour Playboy Magazine, 1972.

Peut-on imiter la « méthode Alinsky » en France ?

À la lecture de tels récits, qui éveillent à la fois l’enthousiasme et l’inspiration, il est aujourd’hui tentant de se demander dans quelles mesures il serait possible de s’inspirer d’Alinsky dans un contexte français.

Or, dès que l’on s’interroge concrètement sur ce travail de transposition, de nombreuses objections s’imposent : le contexte social français n’est-il pas profondément différent de celui dans lequel évoluait Alinsky ? Le community organizing et son aspect communautaire anglo-saxon ne reposent-il pas sur des valeurs aux antipodes de l’idéal républicain ? Et par ailleurs ne serait-il pas utopique d’imaginer en France des coalitions de syndicalistes CGT et de prêtres catholiques ?

Malgré ces objections et les impossibilités qu’elles soulèvent a priori, Saul Alinsky est devenu peu à peu à la mode dans certains milieux militants de l’hexagone. Par exemple, l’Institut Alinsky propose aujourd’hui de former les citoyens à ce qu’il appelle la « méthode Alinsky ». Et parmi les clients de l’Institut, on retrouve la France Insoumise, qui en a profité pour se former à ces questions et proposer sa vision du community organizing dans un contexte politique.

Appliquée ainsi en France, la « méthode Alinsky » se résume en 4 étapes :

  • Frapper aux portes des habitants d’un quartier populaire.
  • Tisser les colères des habitants et les accompagner dans la construction de comités de quartiers.
  • Cibler les puissants dans le cadre d’actions collectives non-violentes.
  • Mettre les premiers concernés au coeur de la lutte.

On peut clairement voir ici les similarités entre la méthode proposée par l’Institut Alinsky et les expériences menées par l’organisateur de Chicago : développer de façon pragmatique un pouvoir collectif directement aux mains des citoyens, et mener des actions collectives stratégiques.

En utilisant ces méthodes, des associations comme l’Alliance Citoyenne de Grenoble (qui fait partie des fondateurs de l’Institut Alinsky) ont ainsi pu organiser des habitants de quartiers populaires pour, par exemple, négocier avec des bailleurs et lutter contre l’insalubrité des logements.

A la question « Peut-on imiter les méthode d’Alinsky en France ? », il semble de prime abord que la réponse soit affirmative. Des expériences sont déjà à l’oeuvre depuis quelques années sur le territoire français, et il ne semble pas qu’il existe d’obstacles majeurs à l’importation du community organizing sur notre territoire.

Toutefois, avant de juger le succès d’une telle importation, il est important de reconnaître que les outils de la méthode Alinsky s’accompagnent d’une philosophie sous-jacente. En effet, depuis sa mise en oeuvre à Back of the Yards jusqu’à sa pratique contemporaine dans les quartiers de Grenoble, ce qui structure cette méthode, c’est avant tout une vision du monde bien particulière, que l’on peut retracer jusque dans les écrits d’Alinsky.

Cet article de l'Université Populaire des Luttes
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Le Machiavel du peuple

« Si Machiavel écrivit « Le Prince » pour dire aux nantis comment conserver le pouvoir, j’écris « Rules for Radicals » pour dire aux déshérités comment s’en emparer. »

 


Saul Alinsky, Rules for Radicals, Chap.1

Au fur et à mesure de ses campagnes et de ses victoires aux quatres coins des Etats-Unis, Saul Alinsky prend le temps de rédiger deux ouvrages : Reveille for Radicals (traduit en français sous le titre Radicaux, réveillez-vous!) et Rules for Radicals (traduit en français sous le titre Etre Radical). Ces écrits lui permettent de faire connaîre sa méthodologie au grand public, et leur succès lui bâtit une solide rénommée nationale, puis internationale.

Dans ces ouvrages, l’organisateur se refuse à toute pensée abstraite, et ne voit par exemple aucun intérêt à accompagner son appareil tactique d’un système de valeurs. Définir ce qu’est la justice ou pour quel idéal on se bat n’a pour lui aucun sens en dehors de toute situation concrète. C’est pourquoi il préfère se présenter comme « réaliste », en lecteur d’une version quelque peu caricaturale de Machiavel :

« En politique, les réalistes voient le monde tel qu’il est : une course au pouvoir où chacun essaie de tirer la couverture à soi, et où la moralité n’est qu’un jeu de langage maquillant l’opportunisme et l’intérêt personnel. »

 


Saul Alinsky, Rules for Radicals, Chap.1

Au nom de ce réalisme, Alinsky rejette donc la moralité abstraite (c’est-à-dire le fait de défendre des valeurs universelles) et avance que ce sont plutôt les passions humaines (crainte, colère, désir…) qui gouvernent le monde. Il pense ainsi que le progrès social ne peut pas être le fruit de délibérations rationnelles, puisque seul l’intérêt personnel des individus conditionne leur comportement. Dès lors, l’organisateur définit la politique comme un conflit entre groupes d’intérêts divergents, que seul les rapports de force pourraient départager. Et la démocratie est donc, selon lui, un état de tension perpétuel au sein duquel tous les citoyens doivent se doter de suffisamment de pouvoir pour défendre chacun leur intérêt personnel.

Cette lutte permanente entre des forces contraires produit selon Alinsky une forme très pragmatique de justice : un compromis souple et sans cesse réévalué visant à la satisfaction successive des intérêts de tous.

« Il est nécessaire à un prince, s’il veut maintenir son pouvoir, d’apprendre à ne pas être bon, et d’user de ce pouvoir selon la nécessité. » [Nicolas de Machiavel]

Cette conception de la démocratie comme éternel conflit d’intérêts explique pourquoi Alinsky se penche uniquement sur la question du pouvoir. Car à quoi bon disserter et débattre sur ce que seraient nos valeurs si c’est au final le plus fort qui impose sa volonté ? D’après Alinsky, être moralement « pur » ne sert à rien si cela empêche de passer à l’action. Il faut donc, avant chaque choix tactique, mettre dans la balance la moralité et l’efficacité, ce qui revient à adopter une éthique à géométrie variable.

« L’éternelle question «la fin justifie-t-elle les moyens?» n’a pas de sens en soi. Le seul vrai problème à propos de la morale de la fin et des moyens est de savoir si telle fin justifie tel moyen. »


Saul Alinsky, Rules for Radicals, Chap.2

Certes, il y a dans cette pensée un pragmatisme salutaire, auquel il faut rendre justice. En effet, théoriser ne suffit pas, il faut aussi agir. Mais il est important de remarquer aussi le glissement qui s’effectue dans les écrits de l’organisateur. Car en défendant farouchement le pragmatisme, Alinsky en vient progressivement à défendre le conséquentialisme.

Qu’est-ce que le conséquentialisme ? C’est l’idée d’après laquelle nos actes doivent être jugés non pas d’après leur respect de principes éthiques (justice, honnêteté, bienveillance), mais d’après leurs conséquences (succès ou échec). En d’autres termes, Alinsky se refuse de limiter ses actions par des principes éthiques, car il pratique une forme simpliste du conséquentialisme qui consiste à dire que « la fin justifie les moyens ». Pour lui, qu’importent les moyens que l’on utilise (et leur irrespect des valeurs que l’on prétend par ailleurs défendre), il s’agit avant tout de gagner.

Ce n’est pas un hasard si Alinsky en arrive à cette conclusion. Après tout, le conséquentialisme est l’éthique dominante dans le monde anglo-saxon. C’est elle qui impose la culture du résultat, de la compétition à outrance et de l’égoïsme rationnel. Dans une société conséquentialiste, chacun ne pense qu’à son intérêt propre et passe son temps à calculer quels moyens peuvent lui permettre d’arriver à ses fins.

Telle est donc la philosophie d’Alinsky : être machiavélique pour la bonne cause. L’organisateur l’assume dans ses écrits en se moquant des « puristes » qui, dit-il, ont tort de respecter des valeurs sacrées et des principes gravés dans le marbre. Pourquoi les déshérités devraient-ils avoir honte de défendre leurs intérêts particuliers matérialistes ? Ou de jouer le même jeu politique que les puissants qui les oppriment ?

Ce choix de mettre les valeurs morales à distance a pourtant de graves conséquences, qu’Alinsky lui-même a pu observer.

L’histoire que personne ne raconte

Dans les années 1950, après son premier succès à Chicago, Saul Alinsky entame un véritable marathon pour partager sa méthode aux quatre coins des Etats-Unis. Le Conseil de Quartier de Back of the Yards, qu’il a contribué à créer en 1938, prend donc peu à peu son indépendance et progresse de victoire en victoire.

Toutefois, si les habitants de Back of the Yards restent fidèles aux méthodes d’organisation (tisser les colères, créer du pouvoir collectif, mener des actions inventives), ils apppliquent aussi la lecture caricaturale de Machiavel qu’Alinsky leur a enseigné. Plutôt que de lutter pour la justice sociale ou le bien commun, il se battent uniquement pour leurs intérêts propres, même quand c’est au détriment d’autres citoyens moins bien lotis qu’eux.

Ainsi, ce qui avait été autrefois une coalition d’ouvriers pauvres luttant pour la reconnaissance de leurs droits, se mue progressivement en une association de petits propriétaires, inquiets de voir des familles afro-américaines emménager dans leur quartier.

« La dernière fois que je suis allé à Back of the Yards, un bon nombre de voitures étaient couvertes d’autocollants de Wallace [Homme politique membre de l’American Independance Party et farouche défenseur de la ségrégation raciale] ; c’était à vomir. Comme beaucoup de révolutionnaires d’un jour, ils ont troqué leurs droits fondamentaux pour la propriété et la richesse. C’est pourquoi j’ai sérieusement pensé à retourner dans le quartier, pour y organiser un nouveau mouvement et renverser celui que j’avais bâti il y a vint-cinq ans. »

 


Saul Alinsky, Interview pour Playboy Magazine, 1972.

George Wallace, qui avait prononcé le discours : « Ségrégation aujourd’hui, ségrégation demain et ségrégation toujours ».

Ceux qui avaient eux-mêmes subi, une génération plus tôt, des actes xénophobes en tant qu’Italiens, Polonais ou Irlandais, reproduisent désormais ces mêmes actes à l’encontre des afro-américains.

Pire encore, le Conseil de Quartier de Back of the Yards devient une organisation raciste, qui utilise les techniques de community organizing professées par Alinsky afin de renforcer le phénomène de ségrégation raciale.

Interrogé sur cet inquiétant retournement, Alinsky tente de se justifier en prétendant que de telles dérives sont naturelles :

L’Histoire est comme une course de relais entre révolutions ; la torche de l’idéalisme est portée par un groupe de révolutionnaires jusqu’à ce qu’il devienne lui-même un Establishment ; puis la torche lui est arrachée au profit d’une nouvelle génération de révolutionnaires qui continuent dans la course du changement.

 


Saul Alinsky, Interview pour Playboy Magazine, 1972.

Ainsi, loin de faire son mea culpa ou de reconnaître les limites de son propre conséquentialisme, Alinsky assume. Les opprimés sont devenus oppresseurs ? C’est le prix à payer pour le progrès social. Sans horizon moral, politique ou idéologique, l’organisateur décrit finalement les luttes sociales comme Machiavel décrivait l’Italie de son temps : un éternel champ de bataille qui ne connaît ni la paix ni la justice.

Je ne regrette pas un instant ce que j’ai fait à Back of the Yards. Car grâce à ce que nous avons accompli dans ce cloaque, plus de 200 000 personnes ont retrouvé des vies décentes, un espoir en l’avenir et une dignité nouvelle. Oui, c’est sûr, maintenant ces gens-là se sont empâtés, ont pris goût au confort et sont devenus arrogants. Ils mériteraient bien qu’on leur donne de nouveau un bon coup de pied au cul. Mais aujourd’hui si j’avais le choix entre voir ces mêmes personnes se traîner dans la crasse, la pauvreté et le désespoir, ou vivre une vie décente dans un ghetto élitiste, je prendrais exactement la même décision qu’autrefois.

 


Saul Alinsky, Interview pour Playboy Magazine, 1972.

Les opprimés devenant oppresseurs, l’organisateur de Chicago considère qu’il doit sans cesse retourner sur ses pas pour défaire les armées qu’il avait contribué à bâtir. Tel Sisyphe poussant son rocher, Alinsky se voit comme celui qui, décennie après décennie, remet sans cesse son métier sur l’ouvrage : organiser les opprimés, les voir s’élever, devenir oppresseurs à leur tour, puis se trouver eux-mêmes renversés par une nouvelle génération de déshérités.

On pourrait bien sûr glorifier ce comportement prétendument courageux, en expliquant que, dans ce monde absurde, il faut être brave pour accepter le rôle de Sisyphe.

Mais on pourrait tout aussi bien interroger la pertinence de cette métaphore pour décrire le travail de Saul Alinsky. Car dans le cas de Sisyphe, c’est une cause extérieure (la malédiction des Dieux) qui fait, jour après jour, dégringoler son rocher. Peut-on en dire de même de Saul Alinsky ? N’est-ce pas plutôt sa propre philosophie qui conduirait son travail à l’échec ? N’y-aurait-il pas, dans le community organizing machiavélien, un choix éthique initial qui mènerait nécessairement les citoyens à s’écarter de la justice et du bien commun ?

Certes, Saul Alinsky n’est pas directement responsable du comportement réactionnaire des habitants de Back of the Yards. Mais en n’anticipant pas ce retournement, et en refusant ensuite de reconnaître ses graves conséquences, il contribue à créer un problème bien plus grand que les quelques solutions qu’il prétendait apporter.

Affiche dans un quartier de Detroit en 1942 : « Nous voulons des locataires blancs dans notre communauté blanche. »

Lorsque Saul Alinsky disparaît en 1972, il n’a pas établi de garde-fou pour empêcher l’appropriation de sa méthode à des fins réactionnaires. Et durant toute la seconde moitié du XXème siècle, on voit des dizaines d’organisations traditionalistes, racistes et autoritaires s’emparer de ses ouvrages et en faire un usage redoutable dans leurs luttes contre l’avortement, le droit des minorités, l’immigration ou l’Etat Providence. « Nous sommes machiavéliens, disent encore aujourd’hui les militants américains du Tea Party, mais c’est pour la bonne cause. »

Face à ce phénomène de récupération, la plupart des militants progressistes du monde anglo-saxon finissent par reléguer Saul Alinsky aux oubliettes. Ils gardent l’essentiel du community organizing (la réflexion sur le pouvoir, la théorie du changement, le leadership collectif, la structuration par l’engagement) mais ne se réclament plus ni de l’homme, ni de son arrogance, ni de son amour pour Machiavel.

En France, tout cela est inconnu car la plupart des écrits qui sont aujourd’hui largement diffusés sur le community organizing sont : 1) soit des traductions de Saul Alinsky ; 2) soit des travaux de chercheurs proches de l’Institut Alinsky. Difficile dans ces conditions d’avoir accès à de véritables écrits critiques présentant un regard différent sur la méthode Alinsky et ses limites. Par exemple, des auteurs et praticiens tels que Jane McAlevey, Ed Chambers, Michael Gecan ou Marshall Ganz restent encore à traduire et à rendre disponibles au public francophone.

Néanmoins, il n’est pas nécessaire d’attendre que ces écrits soient disponibles pour pouvoir analyser avec précision les dérives du community organizing machiavélien. En effet, cela fait maintenant près de dix ans que les militants français de l’Institut Alinsky expérimentent cette méthode, en particulier au sein de l’Alliance Citoyenne de Grenoble. On peut donc tout à fait, en portant un regard sur leur travail, ses inspirations et ses résultats concrets, observer ce que peut produire l’importation fidèle de la méthode Alinsky en France.

Mêmes causes, mêmes effets

En 2010, des militants souhaitant s’inspirer de London Citizens (organisation pratiquant la méthode Alinsky au Royaume-Uni) s’installent à Grenoble pour y expériementer le community organizing. Dans un premier temps, ils cartographient le territoire et les responsables de structures locales puis, comme Saul Alinsky à Back of the Yards, ils entament des conversations avec ces responsables afin de les convaincre de s’unir.

Au fil des conversations, des campagnes émergent et mobilisent la communauté locale : lutte pour un meilleur accueil des étudiants étrangers à l’université, actions contre les bailleurs voyous… Toutefois les campagnes ponctuelles ne suffisent pas. Elles permettent de mobiliser les citoyens sur les thématiques qui les concernent, mais pas de créer un véritable contre-pouvoir sur le long-terme comme le Conseil de Quartier de Back of the Yards. C’est pourquoi, après deux années d’expérimentations, les militants décident de créer l’ « Alliance Citoyenne de l’agglomération grenobloise », qui s’écarte peu à peu du modèle de community organizing pratiqué par London Citizens pour reprendre celui de l’association américaine ACORN.

Wade Rathke, fondateur d’ACORN, enseigne alors aux militants de Grenoble sa lecture de la méthode Alinsky. D’après Rathke, le community organizing est avant tout un syndicalisme de quartier : plutôt que de créer des coalitions d’associations (comme à Back of the Yards), il recommande plutôt de recruter les habitants individuellement afin de toucher ceux qui sont a priori les plus éloignés de l’engagement politique.

Mais comment atteindre ces habitants et les convaincre de s’engager collectivement ? Rathke préconise alors la méthode du porte-à-porte, largement inspirée des tactiques de démarchage pratiquées aux Etats-Unis. Le militant doit se rendre dans le quartier qu’il souhaite organiser, frapper aux portes des locataires, puis suivre les trois étapes suivantes :

  • Le « fishing » (« aller à la pêche ») : Il s’agit d’entamer une conversation avec la personne qui ouvre la porte, afin de découvrir quels sont les problèmes qu’elle rencontre au quotidien. Cela permet à l’organisateur de découvrir l’intérêt particulier de cette personne et de s’en servir pour la convaincre de s’engager.
  • Le « selling » (« vendre ») : Il s’agit d’utiliser ce que l’on vient d’apprendre sur la personne pour ensuite lui vendre soit sa participation à une réunion militante, soit son adhésion à l’alliance citoyenne.
  • Le « push » (« pousser ») : Il s’agit de concrétiser la vente, soit en confirmant avec la personne la date et le lieu de la réunion, soit en récupérant son RIB.

C’est le marketing aux service des luttes. En important les méthodologies anglo-saxones, l’Alliance Citoyenne de Grenoble importe avec elles leur idéologie conséquentialiste, ainsi des pratiques commerciales manipulatrices en accord avec cette idéologie.

Par ailleurs, pour qu’un tel porte-à-porte produise des résultats concrets, il est nécessaire de l’appliquer de façon tayloriste, en mécanisant sa pratique et son rendement. C’est pourquoi la direction de l’Alliance Citoyenne de Grenoble impose à ses organisateurs des objectifs quantitatifs (comme le nombre d’adhésions récoltées) et les évalue régulièrement en comparant leurs résultats. A la fin d’une journée de porte-à-porte, la question qui compte pour les organisateurs de Grenoble est « Combien a-t-on récupéré de numéros de téléphone ? »

[Crédit : Isaac Smith]

Cette forme de standardisation du community organizing amène avec elle un néo-management qui génère de la souffrance chez les organisateurs. En effet, lorsque l’on compte quotidiennement à combien de portes on frappe et quel est son taux de « vente », militer devient un exercice routinier, aliénant et déshumanisant. C’est d’ailleurs ce qui conduit plusieurs organisateurs de l’Alliance Citoyenne de Grenoble à démissioner en 2017.

Et les habitants eux-mêmes ? Une fois mobilisés de cette façon mécanique, passent-ils d’un simple souci personnel à un véritable engagement militant ? Les membres de l’Institut Alinsky reconnaissent eux-mêmes que c’est rarement le cas : « Après sept années d’existence, ce genre d’avancée est demeuré rare. »

Au nom de ses combats, les défenseurs de la méthode Alinsky ont donc importé en France des moyens d’action qui ont à la fois banalisé des techniques de manipulation commerciale, engendré de la souffrance au travail et dépolitisé les luttes sociales. A Grenoble comme à Chicago, Saul Alinsky et Machiavel ne sont finalement pas de bons conseillers.

Passer à autre chose

Il ne faut pourtant pas se décourager ! Car en matière de community organizing, Saul Alinsky n’est pas l’alpha et l’omega.

En effet, comme nous l’avons déjà fait remarquer plus haut, de nombreux autres organisateurs ont, depuis les années 1960, tous développé leurs propres méthodes et leurs propres analyses, dont la plupart sont encore largement inconnues de ce côté de l’Atlantique. De plus, si Saul Alinsky, dans ses écrits, se présentait souvent comme un pionnier ou un fondateur, nous savons désormais que son œuvre fut avant tout le fruit d’un travail d’imitation de méthodes syndicales (notamment du CIO de Chicago). C’est pourquoi aujourd’hui la lecture de Saul Alinsky en France ne devrait être qu’une introduction au community organizing, rien de plus. Une lecture stimulante qui puisse ensuite nous mettre en recherche.

Il existe d’ailleurs aujourd’hui des associations en France qui, tout en ayant découvert le community organizing avec Saul Alinsky, ont depuis avancé vers d’autres façons de voir et de faire. Nous vous recommandons en particulier l’excellent travail de l’Alliance Citoyenne de Rennes ou du Next Level.

En s’appuyant sur de telles expériences positives, il est alors facile d’imaginer comment on peut ouvrir le champ des possibles :

  • Explorer les nombreuses expériences d’organisation collective qui se pratiquent aujourd’hui en France (le plus souvent sans l’étiquette « Saul Alinsky » ou « community organizing« ) mais aussi partout dans le monde. Par exemple, comme les Brésiliens résistent-ils aux réformes du président Bolsonaro ? Comment les Coréennes luttent-elles collectivement contre les spycams dans les toilettes publiques ? Comment les jeunes Irlandais ont-ils fait campagne pendant le référendum de Mai 2018 sur l’avortement ?
  • Se pencher sur l’histoire des mouvements sociaux et retrouver les récits de luttes qui peuvent aujourd’hui nous inspirer. Par exemple, comment les syndicats français se sont-ils organisés localement pour réussir les grèves de 1936 ? Comment le mouvement des suffragettes francaises s’est-il constitué ? Quelle est l’histoire des collectifs LGBT et comment ces derniers se sont-ils structurés en France depuis 30 ans ?

[Crédit : AJ Colores]

C’est en partie pour cela que le blog d’ « Organisez-vous! » existe : diffuser des outils et des méthodes de lutte en provenant d’ici et d’ailleurs, à destination des mouvements sociaux luttant pour la justice sociale et le bien commun.

Saul Alinsky, c’était intéressant. Mais nous, on est passés à autre chose.

En savoir plus sur l'auteur·ice
Formé au Royaume-Uni par les association Citizens UK et Migrants Organise, Jean-Michel Knutsen a organisé la création d’une coalition citoyenne d’ampleur régionale dans le comté de l’Essex (1,5 millions d’habitants). De retour en France, il a fondé l’association Organisez-Vous! en 2018, afin de mener des projets de recherche et d’expérimentation sur les méthodes d’organisation collective.
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